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Meurtre à la Villa Luxembourg

Meurtre à la Villa Luxembourg

Meurtre à la Villa Luxembourg
Mis en ligne le mardi 11 mars 2008.

Publié dans le numéro VIII (mars-avril 2008)

Un nombre limité de suspects et des mobiles évidents sont les ingrédients de cette énigme dont la résolution nécessite une attention pour les détails que d’aucuns qualifieraient de maniaquerie.

Pour découvrir cette énigme plus confortablement, vous pouvez l’ouvrir au format pdf en suivant ce lien.

 

Le lieu du crime

La Villa Luxembourg, une impasse privée du XIXeme arrondissement, qui abrite trois magasins d’antiquités et d’objets d’arts.

 Plan

Rapport de police

Jean-Luc Mortelette, 53 ans, antiquaire, a été découvert mort dans son bureau le lundi 14 avril à 8h30, par sa femme de ménage. Il a été tué d’un violent coup au crâne, probablement asséné avec une lourde statue africaine retrouvée à côté du corps. N’importe quelle personne de taille et de force moyenne a pu porter le coup fatal. La mort a dû être immédiate, et avait eu lieu au moins 15 heures avant la découverte du corps. Vu les traces de sang, le corps n’a pas été déplacé.

 

Les suspects

 

Philippe Corroyer, 48 ans, marchand d’art, voisin la victime.

« Je suis venu à mon magasin le matin du 13 avril, vers 8h30, pour travailler sur ma comptabilité. J’ai vu Jean-Luc entrer dans sa boutique vers 10h. Une demi-heure plus tard, je suis allé lui emprunter une cigarette - il en a toujours, c’est un gros fumeur ! Nous avons pris un café. Notre discussion a été interrompue par un appel téléphonique. Je l’ai entendu dire à son correspondant « écoute, prend un taxi et rejoins moi, on déjeunera ensemble ». Je l’ai quitté car j’avais rendez-vous chez mon frère. »

Alibi confirmé par le frère du suspect, à Versailles, chez qui il est resté de 11h45 à 16h00.

Dans sa boutique : esquisse d’un portrait de Clémenceau par Manet. 18x27cm

Affirme qu’il l’a découverte dans un lot acheté un mois auparavant. Une telle œuvre, si elle est authentifiée, devrait permettre de sauver de la faillite ce libraire criblé de dettes.

 

François Mortelette, 53 ans, frère jumeau de la victime, musicien.

« Je suis arrivé dimanche matin à Roissy par le vol Atlanta-Paris de 10h20. J’ai aussitôt appelé mon frère, qui m’a dit de le rejoindre. Finalement, une fois sur place, il m’a expliqué qu’il avait rendez-vous chez une cliente et qu’il ne pouvait pas déjeuner avec moi.

J’ai laissé ma valise chez Jean-Luc, il devait me la déposer en fin d’après midi, et je suis reparti par la porte de service pour aller prendre le métro jusqu’à mon domicile à Montreuil. J’ai déjeuné, puis je suis allé voir un ami. »

Alibi confirmé par Mr Muscat, voisin de F.Mortelette, chez qui il est arrivé vers 16h00. Il ont regardé un DVD («Les brigades du tigre», durée 2h05) puis il est reparti.

A son domicile : une bobine d’un enregistrement inédit de Louis Armstrong intitulé «Tiger». Affirme l’avoir trouvé dans un vide-grenier lors de son séjour aux USA.Vu la passion maniaque du personnage pour le jazz, on peut affirrmer qu’il aurait pu tuer père et mère pour se procurer cet objet.

 

Marianne Ponsier-Sabado, 34 ans, taxidermiste. Possède une boutique et un atelier dans la Villa Luxembourg.

« Je suis passée à l’atelier dimanche après midi pour travailler sur un rare spécimen, confié par un collectionneur Suisse. Il devait être 15h15. Apparemment, les autres boutiques de la cour étaient désertes. J’ai travaillé environ 3h dans mon atelier avant de repartir, je n’ai vu personne. En repartant, j’ai vu Mortelette qui passait en fourgonnette un peu plus haut dans la rue, je l’ai salué mais je crois qu’il ne m’a pas remarquée ».

 

Sur la table de travail de son atelier  : un Thylacine adulte (marsupial carnivore) naturalisé. Ce spécimen d’une rareté proche du mythe doit valoir assez d’argent pour pousser au crime n’importe quel naturaliste.

 

Le numéro de mars-avril 2008 du Tigre ouvert p.38. Un mug contenant un fond de thé et trois mégots de Marlboro.

 

Edwige Laoud, 45 ans, cliente, Vincennes.

J’avais réservé un paravent coréen chez Mr Mortelette la semaine précédente. Le dimanche 13, vers midi et demi, il m’a appelée pour me proposer de lui livrer avec un jour d’avance. Il est donc passé vers 14h00 pour la déposer. Je lui ai payé la moitié des 1600 euros par chèque, ce qui a eu l’air de l’embêter, mais je n’avais pas la somme en liquide. Je lui ai proposé un café, qu’il a bu d’un trait. Il semblait pressé de repartir, il n’a même pas posé son imper et son chapeau.

A son domicile : paravent laqué représentant une scène de chasse au tigre.

L’objet est d’une relativement faible valeur mais la décoration de cette maison indique une personne obsessionnelle des objets représentant des félins. Son compte en banque indique un découvert de 4000 euros.

 

Enregistrements de la caméra vidéo de sécurité situées à l’entrée de la Villa Luxembourg-13/04/2008

8h37 entrée de P.Corroyer, en imperméable, portant une mallette noire.

9h51 entrée de JL Mortelette, en imperméable et chapeau gris, portant une petite sacoche en cuir, en train d’allumer une cigarette.

11 h08 sortie de P.Corroyer, même tenue qu’à 8h37.

11h47 entrée de F.Mortelette, en blouson de cuir, tirant une grosse valise à roulettes.

12h34 sortie de JL Mortelette, même tenue qu’à 9h51, portant un encombrant paquet long et plat, enveloppé de kraft, de la taille d’une porte, et sa sacoche en bandoulière.

15h17 Entrée de M. Ponsier Sabado, en manteau de cuir beige, portant un petit sac à main.

18h45 sortie de M.Ponsier Sabado, même tenue qu’à son arrivée.

 

Les témoins

Anne-Sophie Bourland, 37 ans, gérante du « Café Verlaine » , rue de l’Euphrate.

« Mr Mortelette est passé vers 9h40, il a acheté un paquet de Marlboro. Comme pratiquement tous les matins à cette heure là, mais il venait rarement le dimanche. »

 

Giacomo Stella, 44 ans, artiste peintre, ami de la victime

« Samedi vers 19h, je prenais l’apéro au Verlaine avec Jean-Luc. Il a reçu un appel téléphonique. Je me souviens qu’il a dit «Ah, tu veux des nouvelles du tigre  ! Oui, je l’ai enfin. Je l’apporte demain à la boutique. Personne n’est au courant, c’est top-secret. Non, je crois que cette fois ça va être trop cher pour toi, désolé  ! Allez, à demain, moi je vais dîner, il se fait tard ici !»J’ai plaisanté en demandant s’il faisait affaire avec un cirque, il a juste répondu avec un sourire mystérieux qu’il était sur une très belle affaire. »

 

Karima Ibacka, femme de ménage

« Lundi matin, j’ai voulu entrer comme d’habitude par la porte de derrière, mais quelque chose empèchait de pousser la porte. J’ai fait le tour et j’ai vu que la porte de devant était restée ouverte. Et dans la réserve, j’ai découvert le corps de Mr Mortelette, c’est lui qui bloquait la porte ! »

 

Dans les locaux de la victime :

Machine à expresso, paquet d’Arabica, deux tasses sales.

Un cendrier contenant six mégots de Marlboro. Un paquet auquel il manque sept cigarettes.

Dans le lavabo : des petits poils bruns, restes d’un rasage récent.

Dans la réserve : valise de François Mortelette contenant des vêtements.

Dans le coffre fort (fermé, accès par code) : 400 euros en liquide, un quinzaine de chèques datant des 3 derniers jours. Aucun ne provient de Mme Laoud.

Sur le bureau : agenda ouvert. Au lundi 14, à 16h : « livraison paravent chez Mme Laoud,  15 rue Jean Moulin, Vincennes. ».

Dans la poche du pantalon de la victime, clé de son domicile.

 

Nulle part on ne trouve le portefeuille, la sacoche, ni les clés de la fourgonnette. La fourgonnette de la victime a été retrouvée garée à 150 m, rue de Taurus. Elle contient l’imperméable, le chapeau et la sacoche de la victime.

 

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