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Haussmann

Haussmann

Haussmann
Mis en ligne le mardi 26 juin 2007 ; mis à jour le vendredi 13 avril 2007.


En 1809, Claude Denis Monnaye, officier d’état civil, trébuche sur le double s du nouveau-né Haussmann et rature son registre. Haussmann grandit très vite et très haut, ce qui le fatigue beaucoup. Étudiant à l’École de Droit, il déjeune tous les jours chez Flicoteaux, place de la Sorbonne : côtelettes à 6 sous et vin problématique. Haussmann fait des vers, mais pas de politique. Jusqu’à ce qu’au soir du 29 juillet 1830, la glace au melon qu’on sert au gouvernement provisoire réuni chez Laffitte lui fasse vraiment envie. Attaché à la préfecture de la Vienne, il prend un meublé et laisse chaque soir son chef le battre au carambolage. Il valse presque bien. En 1832, il se moque gentiment de la femme d’un député des Deux-Sèvres : il ne recommencera plus. Quand il devient sous-préfet, il ne sait pas si c’est d’Yssingeaux, Issingeaux ou Issengeaux. Mais son prédécesseur lui cède son mobilier et ses fournitures de bureau. À Nérac, l’appartement est vide, il achète des meubles. Pendant ses voyages à Paris, il promène les filles d’administrés qui y sont pensionnaires et les gave de bonbons. Il se marie avec Octavie : s’ils venaient à divorcer, elle reprendrait ses dentelles, et lui ses décorations. Ils trouvent la préfecture de Saint Girons vide : il faut louer du mobilier. Marie-Henriette naît en 1840 : elle a les yeux bleus, sa sœur s’appellera Fanny-Valentine. À Blaye, son prédécesseur lui cède matériel et fournitures de bureau. C’est dans le Var qu’Haussmann vérifie l’intelligence rhétorique de Napoléon Ier : décidément, la répétition est la plus puissante figure de style. Le mobilier de son appartement à l’Hôtel de Ville est enfin complet et confortable ; il choisit la chambre à l’angle de la place de Grève et du quai, et s’empresse de faire construire un petit escalier secret. Les deux jours qui suivent son installation, il reçoit beaucoup de gens connus qui disent beaucoup de choses banales. En mai 1867, lors d’un dîner à l’Hôtel de Ville, 262 convives hésitent grâce à lui entre le filet de présalé au Sauternes, les faisans à la Toulouse et les sorbets italiens. Haussmann est vu en promenade à Enghien, en voiture découverte, avec Francine Cellier, jeune gambadeuse blonde de l’Opéra. En 1870, on dit qu’il a le visage rose d’un vieil enfant. Dans sa bibliothèque de Cestas, on trouve le Mémorial des percepteurs et une étude sur la « chèvre roulante ». Un dimanche soir, le baron a 82 ans, se couche et meurt. Sur le faire-part, le psaume 62.

Sources : Baron Haussmann, Mémoires, éd. F. Choay, Seuil, 2000 ; Gérard Lameyre, Haussmann, « préfet de Paris », Flammarion, 1958 ; Jean Des Cars, Haussmann, la gloire du Second Empire, Librairie académique Perrin, 1978 ;Michel Carmona, Haussmann, Fayard, 2000

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