JEU5DEC2024
Rubrique Agenda
Accueil > Articles > Actualité > Dossiers > Rroms, "Gitans", "Gens du voyage" >

Racisme et amalgames

Dossier Rroms > Pamphlet

Racisme et amalgames

Racisme et amalgames
Mis en ligne le lundi 19 janvier 2009 ; mis à jour le mardi 20 janvier 2009.

Publié dans le numéro 28 (nov.-déc. 2008)

Quand ils jouent du violon, ce sont de gentils Tsiganes. Quand ils font du jazz, ce sont des Manouches. Dans les films de Kusturica, c’est des Gitans. Quand ils mendient dans le métro, c’est des Roumains. Quand ils habitent dans une caravane, c’est des gens du voyage. Quand ils habitent dans des bidonvilles, c’est des Rroms. Quand ils habitent dans une maison, c’est des « Tsiganes sédentarisés ». Quand ils sont très pauvres, c’est des voleurs. Quand ils ont de belles voitures, c’est aussi des voleurs. Qu’ont en commun toutes ces phrases ? D’être entièrement fausses et de véhiculer des amalgames et des non-sens qui, dans un climat actuel extrêmement difficile pour les communautés dont il va être question, confinent au racisme. Pour ceux qui pensent encore qu’un être humain est un être humain, indépendamment de son statut social et de son origine ethnique, et que tous les êtres humains sont égaux, nous allons tenter de battre en brèche les idées reçues.

Pour l’écrasante majorité des gens, et, fait plus grave, pour bien des instances institutionnelles, la confusion est totale : Rroms, Gitans, Roumains, Tsiganes, Manouches, gens du voyage, Bohémiens..., tous ces termes semblent interchangeables pour désigner une masse floue de gens, pauvres, asociaux, et qui se déplacent sur les routes. Première erreur, et de taille : seuls 4% des Rroms sont des nomades à l’échelle européenne ; en France, ils sont environ 20%. À l’inverse, d’autres communautés sont nomades mais ne sont pas rroms. Le poncif « Tsigane », qui a amalgamé bien des populations différentes au cours des siècles [cf. encadré ci-dessous], désigne en fin de compte une réalité sociale fantasmatique : le versant négatif en est l’image du nomade pauvre et hors-la-loi ; le versant positif en est le rebelle fier, libre et musicien.

 

«Bohémiens» au XIXe siècle
 

 

Le mythe perdure. Dans un article de L’Est Républicain sur Cécilia Sarkozy, la « première dame imprévisible, rebelle » [1], on pouvait ainsi lire : « Le jeune maire tombe amoureux de cette brune longiligne d’origine espagnole et tsigane, arrière-petite-fille du compositeur Isaac Albeniz. » Que c’est beau ! Voilà Cécilia naturalisée tsigane : puisqu’elle est insoumise, musicienne et amoureuse. On entend pleurer les violons au loin. Un beau poncif pour journalistes. Quand il s’agit de folklore, les « Tsiganes » font rêver. Django Reinhardt, le cirque Bouglione... Depuis La Petite Gitane (1613) de Cervantes, « matrice d’un mythe qui, se développant dans la seconde moitié du xviiie siècle, se répand dans la littérature et les arts à l’époque romantique » [2], ceux qu’on appelait alors les Bohémiens incarnent la liberté en marche : Esmeralda chez Hugo, Carmen chez Mérimée, « la tribu prophétique aux prunelles ardentes » de Baudelaire, les écrits de Lamartine, la musique de Liszt... Autant de célébrations de la « vie de bohème », qui devient même un mode de contestation anti-bourgeois pour un certain nombre de jeunes artistes, avant que le discours « civilisateur » ne stigmatise ces « vagabonds »[2]. On est toujours là. Pas avancé d’un pas depuis un siècle. Alors que les boutiques de mode affichent des foulards chatoyants à la philosophie voyageuse [3], le Parlement vote des lois et le gouvernement fait passer des circulaires scandaleuses, contournant par mille subtilités juridiques les fondements de la République, les droits de l’homme, les textes européens, bref tous les beaux discours de la libertégalitéfraternité qui interdisent de s’en prendre à un groupe ethnique. Bienvenue dans une société schizophrène.

Quant au bel euphémisme « gens du voyage », il a été mis en circulation par deux décrets français de 1972. Dans la pratique administrative et dans le langage médiatique, cette appellation est désormais utilisée pour désigner, de manière « politiquement correcte », les Rroms, Manouches, Gitans, Yéniches, bref tous ceux qu’on est prêt à écarter des villes et dont on ne sait pas trop qui ils sont. La preuve : il ne viendrait à l’idée de personne d’appeler un trader qui passe sa vie entre New York, Londres et Paris un « gens du voyage ». Il voyage plus qu’un Rrom ? Qu’importe. Les fantasmes sont bien ancrés et on les ressort à la première occasion. Ainsi ces articles sur les Hornec, « parrains » du « milieu parisien », qu’une dépêche AFP - donc tous les journalistes - qualifient de « Tziganes sédentarisés de l’Est parisien » [4]. En l’occurrence, ces « Tsiganes » sont sédentarisés... depuis plus de cinq cents ans ! Mais voilà, ça donne le ton : on garde l’image du nomade, du voyageur voleur. « Les Italiens, Français, Kabyles... pour ceux-là, on a oublié qu’ils ont été sédentarisés. En revanche, on n’oublie pas que les «Tziganes» ont été «sédentarisés», même si cela peut faire mille ans. Vous pensez bien, sinon, l’Office central de lutte contre la délinquance itinérante ne serait pas compétent. » [5] De même, l’article Wikipédia Gens du voyage serait presque drôle s’il ne traitait pas... d’êtres humains : « La notion de sédentarisation lorsqu’elle est appliquée aux gens du voyage peut laisser penser qu’une famille ne voyageant plus devient de facto sédentaire. Or il n’en est rien, si ce n’est que cela tend à laisser croire qu’elle s’insère enfin (sic) dans la «norme». Mais dans les faits, les gens du voyage qualifiés de «sédentarisés» continuent d’avoir des ancrages forts dans le monde du voyage. [...] Il s’agit d’une des raisons amenant à de la prudence lorsqu’il faut qualifier le mode de vie des gens du voyage. » Attention ! Observez bien l’homme du voyage et la femme du voyage : parfois il bouge, parfois il ne bouge plus. Lorsqu’il ne bouge plus, attention ! car peut-être rebougera-t-il. Comme nous quand on part en vacances, quoi. Sauf que lui, c’est un gens-du-voyage. Un regard extérieur, au mieux pseudo-scientifique, au pire méprisant. Tel est ce dont souffre, depuis plusieurs siècles, le peuple rrom et ses diverses composantes.

 

Panneau « Interdit aux gens du voyage »
 

 

Le panneau gens du voyage n’est qu’une manière d’envelopper de bien-pensance une réalité sordide : le fait qu’il côtoie souvent sur les routes le panneau déchetterie municipale. Mais bien sûr, « gens de la déchetterie », ce serait moins classe, au pays des droits de l’homme, en 2008. Quoique. Il faut croire que leur statut de parias est bien ancré dans les mœurs : puisque le maire de Saint Martin-la-Plaine (Loire) a eu la bonne idée d’apposer à l’entrée de sa ville un panneau indiquant avec une naïveté touchante : interdit aux gens du voyage. Voilà. Un lieu peut être jumelé avec ***, plus beau village de France, ville fleurie 3 fleurs, et interdite aux gens du voyage. Pas interdit aux caravanes ou aux poids lourds, non ! Juste interdit aux « gens du voyage ». SOS Racisme ayant déposé une plainte pour discrimination, la municipalité a retiré le panneau. Mais en attendant ? Le petit panneau était là. Pas tagué, pas rayé, pas démonté par un habitant à qui il resterait un semblant de morale et de notion de droit. « Une maladresse », a reconnu le maire. Zut alors. Cette « maladresse » n’est malheureusement qu’un cas particulièrement visible d’un état de fait : le rejet de la masse des Tsiganes, Rroms, « gens du voyage », Gitans, tous mélangés et confondus - qu’importe !

Vous voulez vous déprimer pour la journée ? Vous allez sur un forum de discussion, d’un journal de gauche, de droite, de ce que vous voulez. L’incitation à la haine raciale a pignon sur rue. Le bon vieux café du commerce, avec ses invectives et ses propos violents, est enregistrable et transfrontalier : ça s’appelle le net. De quoi regretter l’invention des commentaires sur les blogs. Voici un florilège de tous les poncifs sur les « Rroms-Tsiganes-gens du voyage ». Forum du Nouvel Observateur, 2 octobre 2008 : « Ces populations ne vivotent que d’expédients et d’aides sociales. Deux mille ans que ça dure qu’ils ne s’intègrent nulle part et préfèrent le clan et le voyage perpétuel d’un bout à l’autre de l’Europe ! Les Rroms de Roumanie sont chez eux en France, connaissent leurs droits, les failles de notre système et en profitent ! » Et c’est reparti : « [à propos de la comparaison gitans/déchets nucléaires, cf. infra] : C’est injuste pour les déchets nucléaires, qui eux au moins rapportent un max d’argent aux communes, alors que les Gitans ne rapportent que des vols de poules et une musique insupportable ! » On vous passe les quelques « exterminez-les tous » aisément trouvables. On nous rétorquera que tout forum charrie son lot d’insanités et de jugements hâtifs ; que le propre d’un forum est aussi que les plus motivés (donc souvent les plus extrémistes) y prennent la parole. C’est vrai. N’empêche que. La convergence de messages racistes fait froid dans le dos. Cette haine envieuse envers une population dans son ensemble, ou plutôt à travers la représentation fantasmée d’une population dans son ensemble, a malheureusement trop d’équivalents dans l’histoire : l’antisémitisme, le racisme anti-Noir, le racisme anti-Arabe. Qui se font plus discrets depuis quelques années, plus honteux. L’anti-tsiganisme, lui, perdure avec assurance. Que tous ceux que l’on appelait Tsiganes aient été exterminés dans les camps nazis ? On l’a oublié. On l’apprend un peu, à l’école. Juste un peu. Sans doute car ne bénéficiant ni d’une importance démographique au sein du pays, ni du soutien extérieur d’un État, les Rroms n’ont que peu d’assise pour faire entendre leur voix. D’où une reconnaissance publique minimale, et de maigres lieux de mémoire [cf. article de Jacques Sigot].

Rrom, Roumain : ça se ressemble drôlement. C’est pareil, non ? Les femmes ont de longues jupes et mendient. Eh bien non. Les Roumains sont un peuple vivant en Roumanie, en Moldavie et dans quelques régions voisines. Leur langue, le roumain (mot dérivé de la ville de Rome), est une langue néo-latine. Le mot Rrom vient quant à lui d’un mot sanskrit qui signifiait « artiste, artisan » [cf. encadré sur l’identité rromani]. Alors certes la Roumanie compte le nombre le plus important de Rroms (près de deux millions), et pourtant : tous les Rroms ne sont pas roumains et tous les Roumains ne sont pas rroms. La confusion entre ces deux peuples s’est accentuée lorsque l’effondrement du bloc soviétique a jeté dans la misère une partie de la population [6] : « Au début des années 1990, les Tziganes des Balkans furent les premières victimes de l’éclatement de la Yougoslavie et de la chute des régimes communistes [7]. Oubliées par les nouveaux gouvernements, appauvries par la transition économique, ciblées par les nationalismes agressifs émergents, bouc émissaire des affrontements intercommunautaires, ces communautés se retrouvèrent socialement marginalisées, voire soumises à des violences et même à de véritables pogroms. » [8] Effondrement économique, climat de haine... et subventions européennes suscitant des jalousies : « Quand les nombreux Bulgares vivant sous le seuil de pauvreté apprennent que l’Union européenne met en place des programmes d’aides spécifiques aux Tziganes, comme une assistance médicale gratuite, alors qu’eux-mêmes ne peuvent s’acheter des médicaments ou se chauffer en hiver à cause du coût de l’électricité, ils prêtent une oreille attentive aux thèses d’un parti extrémiste comme Ataka. »[8] C’est ce climat qui pousse les plus fragiles à fuir les discriminations et les violences... et à arriver aux portes de nos villes [9]. De quoi regarder différemment les quelques mendiants du métro... Ces Rroms de Roumanie, de Bulgarie ou du Kosovo qui ont fui la misère et les discriminations ne sont pas nomades mais sédentaires. Ils ont occupé des caravanes non pas par habitude ni par amour du voyage, mais faute de mieux : ils viennent tenter leur chance en Europe. Alors qu’ils sont à peine dix mille dans toute la France, quelques dizaines par bidonville, ils sont censés être une « invasion ».

Pourquoi ? Parce qu’ils sont trop visibles. Parce que cela contrarie le Parisien, de voir une dame mendier avec son nouveau-né. Il est plus simple de ne plus la voir, même si cela est coûteux financièrement, même si cela est humainement intolérable. Les chiffres d’expulsion gonflent, et tout le monde est content [cf. entretien avec Saimir Mille]. Tant pis s’ils sont européens, tant pis s’ils essaient de travailler, tant pis si leurs enfants étaient scolarisés. Syllogisme : tout nomade est un pauvre, tout indésirable est un nomade. Conséquence : tout Rrom habitant dans un bidonville, puisque pauvre et indésirable, est un nomade, donc un Tsigane, donc un Manouche, donc un Gitan, donc a une grosse caravane. Et voilà comment on ne vient à croire qu’il suffit de faire la manche pour s’acheter une Mercedes. On a tous lu Tintin. C’était une pie, pas les Bohémiens, qui volait les bijoux de la Castafiore. Nicolas Sarkozy, non : il n’a lu ni La Princesse de Clèves, ni Tintin. À l’Assemblée nationale, le 10 juillet 2002, le ministre de l’Intérieur faisait cette déclaration mémorable : « Comment se fait-il que l’on voie dans certains de ces campements tant de si belles voitures, alors qu’il y a si peu de gens qui travaillent ? » On doit tout reprendre au début. Le fait qu’on puisse être itinérant et avoir un vrai métier. Le fait que d’autres ne se retrouvent dans des « campements » que par nécessité, parce qu’on leur refuse le droit élémentaire à vivre... sur un terrain. Le fait que la majorité des Rroms sont sédentaires, sont « intégrés », sont vos voisins, votre médecin, votre plombier, votre couvreur, votre avocat, votre cirque Zavatta, votre... Les « bobos », dit-on : « bourgeois bohèmes ». On accuserait presque les Rroms d’être d’autres bobos : des bohémiens bourgeois. Qui ont volé tant et tant de poules ! Humour rrom : « On va lâcher un million de poules dans Paris, comme ça on n’en parle plus. » Confondre un mode de vie et une classe sociale, sous l’appellation « tsigane », en présupposant qu’un « Tsigane » est obligé d’être pauvre, est ahurissant. On oublie ce faisant qu’il est lui aussi français, et qu’il a lui aussi le droit de gagner de l’argent. Mais non. Le Manouche n’a pas le droit d’avoir une belle voiture, alors qu’il ne viendrait à personne l’idée de critiquer la Mercedes de son voisin, quand bien même magouillerait-il un peu. C’est le moment de rappeler quelques vérités : « Savez-vous qu’ils paient des impôts, «ces gens-là» ? Savez-vous que ce qu’ils demandent en priorité c’est d’acheter des terrains où ils pourront installer leurs caravanes et vivre, mais que systématiquement les maires se pressent de préempter pour éviter leur présence sur leurs communes ? Savez-vous qu’ils sont français, au moins ? Qu’ils ont participé eux aussi à la Résistance ? Savez-vous que la nouvelle taxe d’habitation pour les caravanes (instaurée en 2005 et applicable en 2008 pour ne pas gêner la présidentielle) est trois fois supérieure à la taxe d’habitation dans un des quartiers les plus bourgeois de Paris (le Marais), alors que cette même caravane taxée n’ouvre aucun droit aux aides logement (APL, crédits à taux réduit, etc.) parce que quand il s’agit d’aides, elle n’est pas reconnue comme logement ? »[5] Pour des gens censés voler l’État et les honnêtes contribuables, on repassera. On a vu des moyens plus efficaces de vivre aux crochets de la société, puisque telle est l’accusation courante. Pour les nomades, pas d’aides au logement, parfois pas de carte d’identité, un policier à aller voir tous les trois mois ( !) pour valider ses papiers, un droit au stationnement qui se réduit comme peau de chagrin [10], le non-respect de la loi Besson.

Quand il y a des aires de stationnement, l’astuce : les reléguer dans des zones lointaines, à proximité de lieux pollués (ce qui est absurde d’un point de vue financier, puisque la viabilisation des terrains est donc très coûteuse), « oublier » de faire passer le ramassage les ordures (manière subtile pour les municipalités de prouver que ces gens-là sont sales par culture). Le maire [11] de Bormes-les-Mimosas a adressé cette lettre aux élus du Var : « Environ 450 personnes vivent désormais, en toute illégalité, à proximité de nos paisibles concitoyens. Combien durera leur séjour ? Seule la volonté de ces citoyens hors-la-loi le décidera. [...] Protégez tous vos terrains, privés ou communaux, labourez-les, rendez-les inaccessibles, ne comptez que sur votre équipe municipale, vos services et vous-même pour sécuriser vos concitoyens. » Autre astuce, juridique : modifier le droit au travail pour le rendre de plus en plus restrictif, et donc pousser les « gens du voyage » dans l’illégalité. Ainsi, une loi de 1996 relative au commerce et à l’artisanat [12] oblige à montrer un diplôme ou la preuve d’une expérience de trois ans (ce qui suppose de rester au même endroit pendant cette durée) concernant des métiers tels que la construction, l’entretien de bâtiments, le ramonage - activités très souvent exercées par les « Tsiganes » et « voyageurs ». L’apprentissage de ces métiers étant jusqu’alors informel, transmis par la famille et non par l’École Nationale Supérieure du Ramonage, voilà des métiers qu’ils sont maintenant obligés d’exercer illégalement. Mêmes bâtons dans les roues pour les vendeurs ambulants. En plus du fait qu’ils rencontrent de plus en plus de problèmes pour tout bêtement pouvoir s’arrêter, il leur est de plus en plus difficile de trouver des étals libres sur les marchés. Le président de l’Association nationale des gens du voyage catholiques témoigne : « Les marchés ont été réduits, réduits, réduits... Ceux qui ont des places permanentes gardent leurs places. Ils réduisent le marché de cinquante mètres, ou un peu plus... Ils enlèvent les places du bout, où il y a les voyageurs. » [13] C’est un effet boule de neige. En empêchant les « gens du voyage » de travailler, on les précarise. On les pousse vers la misère et vers l’illégalité, qui est précisément ce qu’on leur reproche. Oh, le beau cercle vicieux ! Et au fait, une dernière nouvelle, incroyable, qui fera plaisir à leurs détracteurs : il y a aussi des voleurs parmi ces gens. Comme partout. Ça alors !

Revenons sur une polémique récente. Interrogé [14] sur l’éventuel enfouissement de déchets radioactifs en Moselle, Philippe Leroy, président UMP du conseil général, s’est dit « plutôt pour » avant d’ajouter : « On est embêtés aussi avec les populations de Gitans : personne n’en veut. On est embêtés avec les politiques de traitement des déchets : personne n’en veut. » Admettons que ce soit un procès d’intention qui ait été fait au président du Conseil général, dont le propos finissait par : « Et pourtant, le civisme aujourd’hui pour tout le monde est de savoir accueillir sur nos territoires des populations difficiles, des logements sociaux dans des quartiers protégés, les déchets nucléaires, les déchets industriels et ménagers. Nous avons cette responsabilité collective d’accueillir. Maintenant on en est plutôt à cette espèce d’égoïsme : tout ça sauf au fond de mon jardin. » La proximité des termes Gitans/déchets nucléaires nous a quant à nous fait penser à un autre point. Qui sont les gens qui travaillent pour les enfouir, ces affreux déchets nucléaires si dangereux pour la santé ? Des « Tsiganes », qui « constituent une main-d’œuvre recherchée pour les travaux dangereux pour la santé et par les compagnies désirant éviter les réglementations strictes en matière de santé et de sécurité »[13]. Témoignage, près de Chinon : « À l’origine c’était une région maraîchère... une maind’œuvre maraîchère essentiellement. La centrale nucléaire n’embauche pas en direct ; elle a recours à une boîte d’intérim pour faire embaucher les Tsiganes. Mon cousin transporte des déchets nucléaires, des fûts radioactifs ; il nettoie des choses dans le périmètre de sécurité. Beaucoup de Tsiganes là-bas ont des problèmes de thyroïde. [...] Les managers savent que ces gens ne vont pas manifester ; c’est un public malléable. Pour le centre nucléaire, c’est une main-d’œuvre providentielle. » Même discours à Toulouse, où un médecin témoigne : « À AZF, il y avait de l’amiante. Sur les chantiers de démolition des immeubles pollués, qui trouve-t-on au bout de la chaîne ? Des Tsiganes, employés comme ouvriers de démolition. [...] Il coûte très cher de mettre en place une protection efficace des ouvriers. Le bâtiment est une industrie quasi mafieuse en France. Les grosses sociétés sous-traitent auprès de sociétés qui sous-traitent ellesmêmes. Au bout de la chaîne, on trouve les Tsiganes et les immigrés clandestins. »[13] Pour les sédentaires, la discrimination est tout aussi forte. Prenons le Rrom idéal. Il arrive dans une commune. Admettons (cela ne va déjà pas de soi) qu’il parvienne à acheter un terrain. Raccordement à l’eau ? Refusé. Raccordement à l’électricité ? Refusé. Il veut inscrire ses enfants à l’école ? Refusé. Motif ? Tête tsigane, nom tsigane. « Des milliers de Tsiganes et de voyageurs qui achètent des terrains se trouvent constamment harcelés. »[13] C’est totalement illégal ? Oui, et alors ? Puisque presque tout le monde s’en fiche. Que faire ? Saisir la Halde, attaquer en justice. Sauf que ne voulant pas faire de vagues, habitués à être persécutés depuis des siècles, les Rroms ont l’habitude de faire le gros dos. Quelques-uns osent saisir la justice, qui leur donne raison [cf. article juridique]. Qu’à cela ne tienne ! Leur voisin est discriminé à son tour. Et puis il y a le reste : le fait qu’ils travaillent, qu’ils vivent comme nous tous - cette « normalité » que tant de gens ne veulent pas admettre. La question la plus récurrente sur les forums est : « D’où tirent-ils leurs revenus ? » Alors... « Quoi leur répondre ? Qu’ils aillent vivre une semaine avec ces personnes dont ils ne connaissent pas la source des revenus. Ils se rendront compte qu’il n’est effectivement pas facile de se lever à quatre heures du matin pour se préparer à faire les marchés, les vendanges, la récupération, les chantiers, le porte-à-porte... »[13]

 

Manifestation de Rroms
 

 

Traditionnellement, pour pouvoir travailler et gagner leur vie, les artisans rroms cachent leur identité. Le rapport sur l’Anti-tsiganisme en France[13] est édifiant. Des peintres, des maçons, des ramoneurs, qui tous racontent la même histoire : se cacher pour pouvoir vivre. Toni L***, patron d’une entreprise de réparations : « Je dois dissimuler le fait que je suis voyageur. C’est écœurant. C’est vraiment du racisme à 100%. Tous les voyageurs qui sont des artisans dissimulent leur identité, utilisent des pseudonymes. Parfois chez des clients, j’entends des remarques telles que : «On est content de votre travail - vous savez, maintenant on doit faire attention avec tous ces Gitans...» » Et si, dans le hasard d’une conversation, ils ont le malheur de dire qu’ils sont Tsiganes : ils perdent leur travail. Alvaro Gil-Robles, l’ex-commissaire européen aux Droits de l’homme, affirmait dans le rapport 2006 sur la situation des Rroms en Europe [15] : « Les sentiments anti-Rrom sont si profondéments ancrés que la discrimination à leur encontre ne semble [...] pas illégale. » Alors, que faire ? « Prendre des mesures urgentes afin de mettre fin au climat d’impunité dans lequel se développent les propos racistes relatifs aux Tsiganes, voyageurs et Rroms migrants. » Changer le traitement médiatique trop souvent réservé à ces communautés [cf. encadré], prendre des mesures symboliques au plus haut niveau de l’État, reconnaître le génocide de ces peuples, transmettre leur mémoire, modifier les nombreuses lois discriminantes à leur égard, ne pas tomber dans le paternalisme humanitaire... Juste les considérer comme des hommes, en fin de compte.

TOUS CEUX QU’ON APPELLE « TSIGANES »
Le mot « Tsigane » vient du grec athigganoi, « celui qui ne se laisse pas toucher » : « Il y a encore à Constantinople une autre hérésie, écrit Timothée vers l’an 600, ce sont ceux qui s’appellent aussi Athigganoi. [...] Ils vivent en Phrygie et ne sont ni juifs ni païens. Ils observent le samedi mais non pas la circoncision. Ils ne permettent à personne de les toucher et si l’on veut leur donner du pain ou de l’eau, ou tout autre objet, ils ne prennent pas cet objet en main mais demandent que la chose qu’on leur offre soit déposée à terre et c’est seulement alors qu’ils s’approchent et la prennent. Ils procèdent de la même manière lorsqu’ils veulent donner quelque chose à autrui. C’est à cause de cette attitude, à cause de ce qu’ils ne permettent pas le contact avec les autres, qu’on les appelle Athigganoi. » La dernière mention de cette secte dans l’Empire byzantin remonte au IXe siècle, soit bien avant l’arrivée des premiers Rroms. Par amalgame avec les Athigganoi, les Rroms furent appelés Tsigani dans les pays slavophones et en roumain, Tsiganes en France, Zigeuner en allemand, Zingari en italien, Cigane en portugais... Outre son caractère péjoratif, le mot « Tsigane » n’a pas de définition réelle. Plusieurs groupes qui n’ont aucun rapport entre eux de par leur origine, leur culture, leur langue et leur regard sur eux-mêmes sont à l’occasion appelés tsiganes par les populations environnantes, ignorantes et souvent racistes à leur égard. Ainsi les Balkano-Égyptiens et les Beash ou Rudars qui vivent dans les Balkans, notamment en Croatie. Les Yéniches sont une minorité germanique, dont la formation est un des résultats de la guerre de Trente Ans. Plusieurs familles ont été alors déracinées et ont commencé une vie itinérante. On les trouve aujourd’hui en Allemagne, France, Suisse et un petit nombre en Autriche. C’est sans doute ce mode de vie mobile qui est à l’origine de l’amalgame entre les Rroms, supposés mobiles, et les Yéniches. Le parler des Yéniches est à base d’allemand et d’alsacien. Stigmatisée, cette minorité a souffert des persécutions nazies ainsi que de la politique des autorités suisses. Les Travellers, appelés aussi Tinkers, dénomination qu’ils rejettent comme dévalorisante, vivent en Irlande, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Il s’agit d’une population d’origine celte qui a été formée progressivement à partir de familles paysannes poussées sur les routes en raison des famines récurrentes. Malgré leur nom, très peu de Travellers mènent une vie nomade aujourd’hui. Le premier Congrès international des Rroms (Londres, 1971) a revendiqué le droit légitime du peuple rrom à être désigné sous le nom de... « Rrom ». Pour compliquer l’affaire, des gadjé [non-Rroms] ne renoncent pas à l’appellation « Tsigane », considérant qu’elle n’est pas péjorative, et des Rroms parlant à un gadjo se désignent spontanément par ce mot, même s’ils ne l’utilisent pas entre eux.

RROMS, MANOUCHES, GITANS
Venue d’Inde au XIe siècle, une grande majorité des Rroms s’est implantée dans les Balkans, alors qu’une partie continuait son chemin vers les Carpates et les régions baltes jusqu’au nord de la Russie. La caractéristique principale de ce premier groupe est une bonne conservation de la langue rromani et le fait de se reconnaître sous la dénomination de Rroms. Une partie des Rroms sont ensuite allés vers les territoires germanophones, en Italie, puis vers la France. Ce sont les Sintés, dont la caractéristique principale est l’influence très importante de l’allemand ou de l’italien selon les régions. En France, les Sintés se présentent aux Français comme Manouches, mot rromani signifiant « être humain », mais le mot sinto est utilisé lorsqu’ils parlent entre eux ou avec d’autres Rroms. Ils appellent leur langue romnepén. Du même tronc commun balkanique s’est détaché le groupe Kalo, qui lui, fonde son identité par sa présence dans la péninsule Ibérique. Ce sont ceux qu’en France on appelle Gitans, mot utilisé aussi entre eux. À la suite de persécutions sanglantes et systématiques, surtout aux xviie et xviiie siècles, ils ont été obligés d’abandonner l’usage du rromani en famille. Ajoutant à la confusion, le célèbre film Dom za vešanje d’Emir Kusturica est sorti en France, pour attirer le public, sous le titre... Le Temps des Gitans. L’idée que les Rroms d’ex-Yougoslavie sont des Gitans (alors que les Gitans sont les Rroms d’Espagne, cf. supra) s’est ainsi répandue. Les Rroms yougoslaves eux-mêmes, bien qu’ils soient connus pour avoir gardé une forte identité ethnique, se disent du coup parfois eux-mêmes « Gitans yougoslaves ». À ces trois grands groupes, il convient d’ajouter les Rroms de Finlande, qui se dénomment aussi Kaalé, et les Rroms britanniques, les Romanichals.

QUELQUES CHIFFRES
On compte environ 12 millions de Rroms en Europe, les deux pays qui en abritent le plus étant la Roumanie et la Bulgarie. Les Rroms d’Europe sont répartis ainsi : Rroms « orientaux » : 85% Kalés ou Gitans (Espagne et Portugal) : 10% Sintés ou Manouches (France) : 4% (500 000 personnes) Romanichals (Grande-Bretagne) : 0,5% Au niveau européen, les Rroms sont sédentaires à 96%. On estime que la France a le pourcentage le plus élevé de population rrom nomade ou semi-nomade (environ 20%). Les Rroms, peuple sans territoire compact, n’ont jamais eu de revendications territoriales.

LE GÉNOCIDE
Samudaripen signifie « meurtre collectif total ». Le terme est équivalent à celui de Porrajmos (« dévoration, déchirure », mais avec une connotation sexuelle) pour désigner le génocide des Rroms, Sintés et Kalés pendant la Seconde Guerre mondiale. La population rrom d’Europe a perdu plus de 200 000 des siens entre 1933 et 1945. Quoique « aryens », les Rroms étaient considérés par les nazis comme des parias et des asociaux. Ont été exterminés en tant que Zigeuner (« Tsiganes ») non seulement les Rroms, mais aussi des familles yéniches et certains Beash en Croatie. La population rromani attend toujours que le monde reconnaisse son martyre sous le régime nazi. Lors du procès de Nuremberg qui jugea les criminels de guerre nazis, aucune déposition de Rroms ne fut entendue. En 1997, le président des États-Unis Bill Clinton a choisi le professeur Ian Hancock, un intellectuel rrom, pour le nommer membre du U.S. Holocaust Memorial Council en tant que représentant du peuple rrom. Au cours des dix-sept ans d’existence de ce Conseil, c’était la deuxième fois seulement qu’un représentant rrom pouvait faire partie des 65 membres qui le composent. De même, il a fallu attendre 1982 pour que Helmut Kohl reconnaisse ce génocide. La mémoire des victimes du Samudaripen est aujourd’hui honorée le 8 avril, date d’une très ancienne fête des Rroms de Transylvanie : c’est le « jour des chevaux », sortie festive des abris d’hiver avec les chevaux ornés de guirlandes. Le 8 avril 1971, date du premier Congrès international des Rroms, est également célébré comme le jour de l’émancipation.

L’IDENTITÉ RROM
Le rromanipen (le fait d’être Rrom et de respecter les principes et les valeurs de la culture rromani) est avant tout construit autour de la langue rromani et d’un certain nombre de valeurs culturelles. « Dis-moi, Dis-moi, le Rrom, où est notre terre, nos montagnes, nos fleuves, nos champs, nos forêts ? Où sont nos tombes ? - Ils sont dans les mots, Dans les mots de notre langue. » (Eslam Drudak). Le rromani est une langue proche du hindi : son vocabulaire et sa grammaire de base sont indiens aux trois quarts. Le reste est constitué de vocabulaire emprunté au persan, au grec, et aux langues européennes de contact (allemand, italien, français, espagnol...). La découverte de l’origine indienne des Rroms eut lieu au XVIIIe siècle, lorsque Vályi Istvan établit la ressemblance entre le vocabulaire des Rroms de son village natal avec une liste de mots du sud de l’Inde. Le rromani fut présenté comme « une langue indienne en Europe » précisément à l’époque où l’on s’intéressait aux relations unissant le latin et le grec avec le sanskrit. Malgré sa diversité dialectale, le rromani reste une seule et même langue, et les Rroms peuvent communiquer entre eux. Écrit depuis le début du xxe siècle dans des alphabets différents selon les pays, le rromani dispose depuis 1990 d’une écriture commune visant à permettre une meilleure diffusion de la littérature rrom. Marcel Courthiade, titulaire de la chaire de langue et civilisation romani à l’Inalco, affirme ainsi [L’Humanité, 9.II.2002] : « Il y a en France 120 000 personnes qui savent le romani dans une communauté comptant entre 200 000 et 300 000 Roms. La langue est l’élément le plus fort de l’identité d’une communauté. [...] Si l’on regarde sur un ou deux siècles, [les Roms] gardent leur identité, l’usage de la langue, des traditions, d’une morale de respect de la famille, de respect des vieux, d’amour des enfants, de liens avec la nature. Il ne faut pas parler d’exil. Les Roms, où qu’ils soient, tiennent à garder leur double appartenance. Ils veulent être citoyens du pays où ils ont grandi et ils restent des Roms. » Pour un article exhaustif sur la volonté de l’Union Rromani Internationale de standardiser la langue pour la rendre compréhensible par les différentes communautés, et les débats que cela suscite (du fait de l’utilisation démagogique de la langue par des politiciens), cf. Morgan Garo, « La langue rromani au cœur du processus d’affirmation de la nation rrom », in Hérodote no 105, 2002.

UN DÉRAPAGE MÉDIATIQUE
Le 11 février 2005, sur France 5, l’émission C dans l’air titrait ainsi le débat du jour : « Délinquance : la route des roms ». Un policier, un criminologue, un « spécialiste » de l’immigration et un juge discutaient avec l’animateur Yves Calvi de « la criminalité organisée à base clanique ou ethnique » et des « réseaux » tsiganes... Dans un article très documenté (« Sarkozy, les médias et l’invention de la «mafia roumaine» », avril 2005, lisible sur le site Les mots sont importants), Caroline Damiens a analysé la spirale du discours médiatique né de cette émission. Depuis, une action en justice pour incitation à la haine raciale a été intentée, action qui n’a toujours pas eu de suite. Le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) a quant à lui daigné émettre une « mise en garde ». Hélas, cette émission n’était « qu’une émanation parmi d’autres d’un acharnement médiatique qui va toujours dans le même sens », affirme Caroline Damiens. Qui raconte donc comment ont été déployés « 80 CRS, la brigade de répression du proxénétisme (BRP), la brigade de protection des mineurs, le service départemental de la police judiciaire (SDPJ), de l’identité judiciaire (IJ), des renseignements généraux (RG), les unités d’élite de la brigade de recherche et d’intervention (BRI, antigang) ainsi que des maîtres-chiens, tout cela pour... une vingtaine de caravanes posées dans une friche industrielle qui abritait 75 personnes à tout casser. » Et comment le « réseau clanique très structuré » décrit par la presse unanime a fondu comme neige au soleil : « L’affaire se conclura par seulement quelques reconduites à la frontière pour dépassement de visas. » Caroline Damiens démonte ainsi la manipulation politique ayant « tranformé des sans-papiers en «criminels organisés en réseaux mafieux» » afin de faciliter leur expulsion et de s’assurer l’appui de l’opinion publique. Et rappelle qu’en 2003, le procureur de la République en charge d’une affaire sur le supposé « réseau de mendicité organisé » avait requis un non-lieu général faute de charges, et s’était déclaré « scandalisé par l’utilisation de moyens adaptés au grand banditisme pour une petite délinquance, [...] une mendicité de subsistance » [Le Parisien, 22 déc. 2003]. Trop tard : la presse dans son ensemble avait largement réactivé les mythes sur la « mafia tsigane ». Depuis, il serait malhonnête de dire que la presse ne fait pas quelques efforts. La stupeur face aux événements en Italie (la mort de deux fillettes rroms sur une plage, le décret-loi de 2007 permettant l’expulsion de ressortissants roumains, et surtout le fichage, par relevé des empreintes digitales, des Rroms italiens par le gouvernement de Berlusconi, avec l’aide de la Croix-Rouge), on note des interrogations croissantes dans la presse, face à une question qui concerne l’Europe entière. La Commission européenne, au sein de son concours de journalisme « Pour la diversité. Contre les discriminations », a doté de 2500 euros le prix spécial 2008 sur « les questions liées à la discrimination contre la communauté rrom ». Lequel de nos confrères l’obtiendra ?

BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE

- Jean-Pierre Liégeois, Roms en Europe, La documentation française, 2007.

- Revue Études tsiganes www.etudestsiganes.asso.fr.

- Site Internet « La voix des Rroms »

- Blog http://roms.blog.tdg.ch/

- Illustrations D.R., archives J.Sigot, photo Saimir Mile, d.r.

NOTES

[1] in L'Est Républicain, 19 octobre 2007.

[2] S. Moussa (dir.), Le mythe des Bohémiens dans la littérature et les arts en Europe, L’Harmattan, 2008.

[3] « Citoyens bohèmes, Bohémiens non citoyens », in R de réel, vol. P, novembre 2002. Article disponible au format PDF

[4] Ainsi Le Point, Le Nouvel Observateur, Le Parisien, etc. ont tous repris l’expression.

[5] Sur le site de La Voix des Rroms.

[6] Cf. Études Tsiganes, no 31, 2007.

[7] Sur cette question, cf. Stella (2006), film documentaire de Vanina Vignal sur une femme roumaine vivant au Hanul, bidonville de la plaine Saint-Denis situé sous l’A86.

[8] « Extrémisme dans les Balkans », Le Monde diplomatique, juillet 2008.

[9] Cf. aussi « Vie et mort d’un bidonville », Le Monde 2, 26 mai 2007.

[10] Sur le droit au stationnement, cf. l’article sur l’état du droit.

[11] Albert Vatinet (divers droite). Cf. Rue89, 28 juillet 2008.

[12] La loi du 5 juillet 1996 relative au développement et à la promotion du commerce et de l’artisanat.

[13] Cité dans le rapport Hors d’ici ! Anti-tsiganisme en France, nov. 2005. Pour plus d’information sur la juridiction d’exception concernant les Tsiganes, voir Xavier Rothéa, France, pays des droits des Roms ? Gitans, « Bohémiens », « gens du voyage », Tsiganes... face aux pouvoirs publics depuis le XIXe siècle, Carobella ex-natura, 2003.

[14] Interview sur France 3 Lorraine-Champagne-Ardenne. Dans un communiqué adressé à la presse le lendemain, Philippe Leroy « souligne qu’aucun des quatre journalistes qui l’interviewaient à ce moment-là sur le plateau n’a considéré, et à juste titre, que ses propos pouvaient être outrageants. » On a envie de lui répondre que c’est un bien mauvais argument d’autorité, vu la passivité de l’ensemble des médias sur la question.

[15] L’ERRC (European Roma Rights Centre) : Centre Européen pour le Droit des Rroms.

Accueil | Plan | Contacts | RSS | Mailing-list | Ce site