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Pouchkine

Pouchkine

Pouchkine
Mis en ligne le vendredi 18 mai 2007 ; mis à jour le vendredi 13 avril 2007.


Il paraît que Pouchkine est paresseux. / Il paraît que Pouchkine a les nerfs à fleur de peau chaque fois qu’il cesse d’écrire ; il paraît qu’il ne sursaute au moindre petit bruit. / Il paraît que Pouchkine a les ongles longs, comparables à des griffes. / Il paraît qu’en période de mélancolie, Pouchkine arpente sa chambre de long en large en répétant Je suis triste, je suis triste, quelle angoisse. / Il paraît que Pouchkine panique à l’idée d’être ridicule. / Il paraît que Pouchkine a écrit en 1830, dans une lettre à un ami : Je ne demande pas mieux que d’engraisser et d’être heureux. / Il paraît que Pouchkine se promène en hiver en pleine tempête de neige coiffé d’un haut-de-forme élimé, vêtu d’un pardessus auquel il manque un bouton. / Il paraît que Pouchkine en 1834 s’adressait indirectement au Tsar en envoyant à sa femme des lettres qu’il savait détournées par la censure d’État. / Il paraît que Pouchkine s’est montré sur les boulevards de Saint Petersbourg bras dessus bras dessous avec un jeune poète qu’il venait de provoquer en duel ; il paraît que le jeune homme avait insulté son épouse ; il paraît que Pouchkine lui a acheté des petits pains blancs. / Il paraît que Pouchkine a reçu des lettres anonymes, notamment un diplôme lui donnant le titre de Coadjuteur du Grand Maître de l’Ordre des Cocus. / Il paraît que Pouchkine s’enduit les lèvres de suie pour s’assurer que sa femme ne le trompe pas. / Il paraît qu’un petit militaire Français fait les yeux doux à Natalia Nikolaievna Gontcharov. / Il paraît que Pouchkine a une épouse parfaite, attentionnée, et bonne mère. / Il paraît que Pouchkine a une épouse écervelée et séductrice. / Il paraît que Pouchkine a mis en gage, chez Chichkine, l’argenterie de sa belle sœur, et qu’il en a retiré 2200 roubles pour s’acheter deux pistolets. / Il paraît que Pouchkine a provoqué le petit Français en duel. / Il paraît que Pouchkine, le jour de son duel, est revenu sur ses pas, et a franchi à nouveau le seuil de sa maison, ce qu’il ne fait pourtant jamais, par superstition. / Il paraît que le petit Français s’en est tiré parce que la balle de Pouchkine a glissé sur le bouton de son manteau. / Il paraît que le petit Français portait une armure sous sa chemise. / Il paraît que Pouchkine a longtemps souffert, une balle dans le ventre, avant de mourir. / Il paraît que les vers lui venaient facilement, dans un aimable oubli, la tête sur l’oreiller.

Source : Serena Vitale, Le Bouton de Pouchkine, Plon, 1998.

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